Si un cadre théorique systémique se développe depuis une vingtaine d'années (Green 2017), la biologie contemporaine reste encore largement dominée par une démarche analytique réductionniste (Nicholson 2010). Dans ce contexte, le niveau organique cellulaire est souvent dépassé par le dessus (au profit d'une étude écologique par exemple) ou par le dessous (au profit d'une analyse des mécanismes moléculaires) – Bechtel 2010. Cette présentation propose d'étudier le concept de cellule pour lui-même par le prisme de l'action.

Une conceptualisation propre à l'action, à l'activité des entités biologiques, se développe par la notion d'agentivité (Walsh 2015). En particulier, les participants de la théorie de l'autonomie explorent une conception de l'agentivité biologique (Virenque et Mossio 2023) mais se questionnent encore sur les entités que les agents biologiques désignent. En ce sens, une agentivité organique propre à la cellule est encore peu approfondie et suppose de réfléchir à la manière d'articuler une action finalisée au niveau de l'organisme et de la cellule (Arnellos et Moreno 2015).

Ainsi, cette présentation se propose d'exposer ces premiers éléments engagés par les tenants de la théorie de l'autonomie, puis d'étudier certains phénomènes ayant trait aux migrations cellulaires ou à la communication intercellulaire pour établir les bases de ce que désignerait une éthologie cellulaire. Par cette notion, nous désignons l'étude des comportements des cellules, envisagés comme des interactions adaptatives à leur environnement, en fonction des signaux (chimiques, mécaniques, électriques) qu'elles reçoivent. Dans un contexte plus général, il s'agit de participer au développement du concept de cellule comme unité fonctionnelle, dynamique et relationnelle, et ainsi de contribuer à une démarche non réductionniste.