agent est caractérisé par sa capacité à agir intentionnellement, c'est-à-dire à agir selon ses états mentaux, comme ses désirs, ses croyances et ses buts (Schlosser 2019). L'agentivité est donc une capacité essentiellement réservée aux êtres humains (Davidson 1982 ; Frankfurt 1978), tandis que les organismes non humains sont soit écartés de la discussion, soit relégués au même rang que les artefacts. Pourtant, tous les organismes interagissent avec leur environnement, par exemple en construisant des niches, tels que des barrages pour les castors ou des nids pour les oiseaux (Odling-Smee et al. 2003). Lorsqu'ils ne modifient pas directement leur environnement, ils se modifient eux-mêmes grâce à la plasticité développementale (West-Eberhard 2003). Ces capacités, exhibées par la plupart des êtres vivants, ont poussé certains biologistes et philosophes de la biologie à défendre l'idée que les organismes étaient des agents (Walsh 2015 ; Sultan et al. 2021), c'est-à-dire qu'ils agissent d'une façon finalisée (goal-directed) dans leur environnement. Cependant, affirmer que les êtres vivants non humains poursuivent aussi des buts soulève de nombreux questionnements : le font-ils de la même façon que les êtres humains, c'est-à-dire avec des états mentaux ? Si oui, ne tombons-nous pas dans l'anthropomorphisme en étendant une telle capacité à tout le vivant ? Si non, comment défendre un processus téléologique sans contrevenir au naturalisme scientifique attendu en biologie ? Mon objectif dans cette présentation est de cartographier les différentes réponses apportées par les biologistes et philosophes de la biologie sur ces questions. L'enjeu est ainsi de déterminer s'il est vraiment possible d'étendre l'agentivité au-delà de l'humain.