30 juin-2 juil. 2025 Nantes (France)
Action, intention, et volonté
Robin Timothée Bianchi  1@  , Simon-Pierre Chevarie-Cossette  2@  
1 : Université de Neuchâtel = University of Neuchatel
2 : Université de Neuchâtel

Résumé du thème du symposium 

 

La conception de l'action qui s'est imposée en philosophie sous plusieurs variantes de Locke à Davidson, en passant par Mill, Bentham, ou encore Reid, considère généralement qu'agir, c'est se mouvoir sous l'impulsion de la volonté. Chez les empiristes, Le terme « action » se trouve réservé aux êtres intelligents dotés d'une volonté et d'un entendement. Au 20ème siècle, la plupart des philosophes ont défini l'action comme une sorte de mouvement intentionnel ou volontaire. En conséquence, les actions se trouvent opposées au « simple comportement » ou aux « mouvements involontaires ». En conséquence, seules les créatures capables d'intention ou qui ont une volonté peuvent agir. 

Cette conception tranche avec l'idée, qui a gagné en popularité ces deux dernières décennies, selon laquelle agir consiste simplement à causer un changement, à faire une différence, à exercer un pouvoir causal. Plutôt que de définir l'action en termes psychologiques ou rationnels, la conception minimaliste la définit à l'aide des notions de pouvoirs, de causalité, de substance et de changement. D'après ce point de vue, non seulement les humains, mais aussi les animaux de toutes sortes, les végétaux, et même les êtres inanimés peuvent agir. Agir, c'est-à-dire causer du changement, s'oppose donc à pâtir, subir du changement. C'est ce dernier contraste qui sous-tend notre notion d'action, d'après le point de vue minimaliste, et non le contraste entre volontaire et involontaire, ou intentionnel et non-intentionnel.

La conception minimaliste est-elle préférable à la conception dominante de l'action ? Laquelle de ces conceptions capture le mieux l'essence de l'action et de l'agir ? Quelle conception les philosophes moraux, les philosophes du droit, les philosophes de la biologie, ou encore les métaphysiciens devraient-ils adopter ? Le minimalisme doit-il prendre le pas sur la conception standard ? Quelle est le champ d'application de la notion d'action ? Cette conception de l'action ramène à l'avant-plan la notion de capacité, de pouvoir et de causation par des substances – est-ce souhaitable et si oui comment comprendre ces notions ? Ce symposium vise à explorer ces questions afin de faire progresser notre compréhension de la notion d'action et de son étendue, ainsi que d'alimenter le débat entre les défenseurs de la conception standard et les défenseurs de la conception minimaliste.

 

Durée: 3h

Organisation: 30 minutes de présentation avec 25 minutes de Q&A , et 5 minutes de pause entre chaque présentation 

Programme :

I. À la défense du minimalisme de l'action 

Simon-Pierre Chevarie-Cossette & Robin T. Bianchi (Neuchâtel)

 

Dans cette présentation, nous défendons une conception minimaliste de l'action selon laquelle une action est une causation d'effet par un objet, ni plus ni moins. Cette conception est minimaliste sous deux aspects. D'une part, l'action ne requiert pas essentiellement l'intention, le volontaire ou le contrôle. Causer un changement suffit pour agir. D'autre part, il s'agit d'une notion généreuse dont le champ d'application dépasse la sphère humaine : il existe des agents inanimés (agents toxiques, chimiques, biologiques ; artéfacts ; institutions) et des agents animés comme les animaux et les êtres humains. Notre approche consistera à montrer comment adopter une telle conception refaçonne et simplifie certaines questions à propos de l'agir. Nous nous concentrerons sur trois aspects. Premièrement, le minimaliste simplifie l'appareillage théorique de l'action en évitant d'imposer des restrictions au concept d'action et de postuler différents sens d'action telles que les notions de « simple comportement » ou « d'action par excellence ». Deuxièmement, le minimalisme n'a pas de difficulté à rendre compte des actions collectives non-intentionnelles, et l'enquête théorique des agents collectifs s'en trouve simplifiée en ce que nous n'avons pas besoin de postuler un esprit afin de rendre compte de l'agir collectif (puisque cette conception divorce l'esprit de l'agir). Troisièmement, le minimaliste évite certains problèmes liés à la théorie standard tels que le problème de la « décomposition » de l'action et la disparition de l'agent souvent soulevés par ses détracteurs.

 

II. Évaluation, explication causale, et aspects intentionnels du comportement 

Philippe Lusson (NYU/Paris 1) 

 

La philosophie de l'action a longtemps accepté l'idée d'un lien privilégié entre action, action intentionnelle, et intention. Mais ce lien est remis en cause par l'étude de phénomènes liminaires, tels que les habitudes, la remise en question de la relation entre intention et comportement intentionnel, et le développement d'une théorie de plus en plus sophistiquée des intentions, qui tend à réduire l'extension de ce concept. Ces développements invitent à élaborer une théorie minimale de l'action qui remet en question le rôle des intentions. Cette communication s'attachera toutefois à prendre ce rôle pour point de départ afin d'élaborer une conception minimale des états mentaux aptes à façonner les aspects intentionnels du comportement ainsi qu'une conception plurielle des manières dont ils le font. Nous proposerons l'idée selon laquelle l'agir caractérise le rôle d'états mentaux porteurs d'évaluations de certains aspects du comportement et contribuant à leur explication causale. Cette caractérisation implique alors de concevoir l'action comme une relation plutôt que comme un événement comportemental. 

 

III.  Charting the Primacy of Intention

Elijah Herenstein & Richard Holton (Cambridge) 

A recent idea from Levy, Williamson, and others, says that we should take intentional action as prime, and that intentional action stands to intention as knowledge stands to belief. We are all in favour of treating intentional action as prime, in the sense of unanalysable. And we agree that this doesn't prevent us saying more about it. But we disagree with the details offered by Levy et al. We hold that the relation between knowledge and belief is better mirrored by that between intentional action and attempt. More substantially, we hold that both intention and intentional action should be treated as prime notions; we thus disagree with the very well established claim, dating back at least to Anscombe, that they should be analysed together.

 



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