30 juin-2 juil. 2025 Nantes (France)
Communication et intentions riches
Victor Tamburini  1@  
1 : Institut Jean-Nicod / Collège de France
Centre National de la Recherche Scientifique - CNRS

Quelles conditions doivent-elles être remplies pour que la communication à propos d'un objet particulier soit couronnée de succès ? Voici une réponse d'inspiration Gricéenne (Grice 1957). Un locuteur agit avec une intention communicationnelle dirigée vers un interlocuteur, cette intention portant sur un objet. L'interlocuteur doit alors reconnaître l'objet de l'intention du locuteur. Cette réponse semble falsifiée par les cas Loar, dans lesquels il y a incompréhension bien que l'interlocuteur reconnaisse l'objet de l'intention du locuteur (Loar 1976).

Une solution possible au problème posé par les cas Loar consiste à admettre que les intentions communicationnelles du locuteur sont plus riches qu'il n'y paraît (Buchanan 2014). Le locuteur souhaite que son interlocuteur arrive à un certain objet en suivant une certaine procédure, et cette procédure doit être suivie par l'interlocuteur pour qu'il y ait compréhension. Cette solution a été récemment attaquée : il ne serait ni suffisant ni nécessaire de suivre la procédure figurant dans l'intention riche d'un locuteur pour le comprendre (Bourdoncle 2022, Peet 2017).

Dans cet exposé, je soulignerai tout d'abord les vertus de cette solution, expliquant notamment en quoi elle constitue un progrès par rapport aux solutions dites Fregéennes qui exigent que locuteur et interlocuteur pensent au même objet sous le même mode de présentation pour se comprendre. Je montrerai ensuite que les cas érigés en contre-exemples au caractère suffisant et nécessaire de la satisfaction des intentions riches sont sous-décrits, et qu'ils perdent leur pouvoir de falsification une fois que le contexte de la conversation est spécifié. J'expliquerai cependant qu'il existe de véritables contre-exemples, et je tirerai de ces contre-exemples la leçon suivante : suivre le parcours interprétatif prévu par le locuteur n'est pas nécessaire, mais un certain type de parcours est incompatible avec la compréhension de son énoncé.

 

Bibliographie :

Bourdoncle, R. (2022). Samethinking. PhD dissertation, Université Paris sciences et lettres.

Buchanan, R. (2014). ‘Reference, Understanding, and Communication'. Australasian Journal of Philosophy (1): 1-16.

Grice, H.P. (1957). ‘Meaning'. The Philosophical Review 66 (3), 377-388.

Loar, B. (1976). 'The semantics of singular terms'. Philosophical Studies 30(6), 353–377.

Peet, A. (2017). 'Referential Intentions and Communicative Luck'. Australasian Journal of Philosophy 95 (2), 379–384.


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