La valeur de vérité de l'énoncé « Dieu existe » semble évidemment au cœur de l'opposition entre athées et théistes : pour les athées, cet énoncé est faux ; pour les théistes, cet énoncé est vrai. Pourtant, en étudiant finement la signification du terme « Dieu » et celle de « existe », je soutiens que la suggestion précédente doit être rejetée. Pour aboutir à ce résultat, je montre que la théorie de la référence directe, telle qu'elle est développée depuis Kripke (1980), s'applique à l'étude du terme « Dieu ». Du point de vue sémantique, j'affirme donc que le terme « Dieu » réfère directement à son porteur et ne véhicule pas de contenu descriptif. Intuitivement, cette hypothèse achoppe sur le fait que certains noms possèdent un sens même s'ils n'ont pas de référence, ce qui est justement le cas du terme « Dieu » pour un athée. Contre cette idée, j'offre un parallèle entre l'emploi de ce terme dans une perspective athéiste et l'étude générale des noms fictifs, pour montrer que, même dans ce cadre, le terme « Dieu » possède une référence. Ensuite, je reprends la distinction entre « existence » et « concrétude », que Williamson (2013) approfondit , pour obtenir une compréhension formelle et minimaliste de ce que signifie « existe ». Dès lors, je montre que la vérité de l'énoncé « Dieu existe » n'entre pas en contradiction avec le discours athée.