Le terme de formalisation est souvent employé en philosophie de la logique pour décrire ce qui peut s'entendre en réalité comme un faisceau de pratiques. Dans une acceptation minimale du terme, on décrit une opération qui lie un phénomène cible et un formalisme qui le “formalise” donc. Cette opération laisse ouverte la possibilité d'un certain nombre de frictions entre le résultat de l'opération de formalisation, le formalisme, et l'objet théorique qu'est le phénomène cible. Par frictions, on entend ici notamment deux choses.
La première est le décalage possible entre des sous-ensembles de chacun des points de départ et d'arrivée : un sous-ensemble de significations ou d'énoncés que nous voudrions voir représentés ne le sont pas dans le formalisme d'arrivée ou bien celui-ci produit un sous-ensemble d'énoncés qui ne correspondent pas au phénomène cible. La seconde catégorie de frictions consiste en la nécessaire acceptation, pour pouvoir utiliser le formalisme d'arrivée, d'un certain nombre d'implicites qui lui sont propres sans l'être du phénomène cible.
Nous voulons défendre la thèse que les différentes attitudes par rapport à ces frictions que l'on peut trouver dans la littérature constituent en réalité des opérations distinctes que le terme de formalisation écrase. Pour distinguer ces différentes opérations de représentations formelles d'un phénomène cible, nous proposons de qualifier par modélisation les opérations permissives aux frictions et de réserver le terme de formalisation pour ce qui relève d'une plus grande exigence philosophique.
Cette distinction nous permettra de défendre l'idée que la formalisation comme opération philosophique doit, pour être pertinente et fertile, être sensible à ces subtilités pour ne pas s'effacer derrière des spécificités formelles.
Notre communication introduira la notion classique de formalisation, pour ensuite caractériser plus précisément les deux extrémités du spectre entre modélisation et ce que nous appellerons maintenant formalisation, et conclura sur les perspectives philosophiques ainsi ouvertes.
Bibliographie :
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Dutilh Novaes, Catarina. Formal Languages in Logic: A Philosophical and Cognitive Analysis. Cambridge University Press, 2012.
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