30 juin-2 juil. 2025 Nantes (France)

Par auteur > Boisserie-Lacroix Céline

Sur la nature du plaisir esthétique
Céline Boisserie-Lacroix  1@  
1 : Institut Jean Nicod
Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS)

Si l'expérience esthétique est traditionnellement considérée comme une source de plaisir, un débat en cours, inspiré par Goodman (1978), interroge son apport épistémique. Cette présentation explore plus précisément les liens entre esthétique et connaissance en envisageant une extension de l'expérience esthétique au domaine intellectuel. L'objectif est de proposer un modèle unifié du plaisir esthétique intégrant ses dimensions sensorielles et intellectuelles.

Une difficulté réside dans le fait que le modèle standard de l'expérience esthétique (par ex., Schaeffer, 2015), qui la caractérise par sa dimension hédonique, repose sur des perceptions sensorielles, excluant ainsi la possibilité d'un plaisir esthétique d'ordre intellectuel. Toutefois, Schellekens (2022) a récemment élargi cette perspective en intégrant des expériences esthétiques liés à des raisonnements scientifiques ou des œuvres conceptuelles.

L'argumentation suivra les étapes suivantes. D'abord, je montrerai qu'une appréciation esthétique intellectuelle est possible, en m'appuyant sur le modèle de Schellekens (2022). J'examinerai ensuite les différentes modalités selon lesquelles l'expérience esthétique peut s'articuler avec la poursuite d'une activité épistémique, en m'appuyant notamment sur les travaux d'Elgin (2002) et de Root-Bernstein (2002). Je soulignerai que ces propositions nécessitent encore des développements pour préciser les mécanismes reliant les dimensions cognitive et esthétique impliquées.

Je me pencherai ensuite sur le modèle détaillé du plaisir esthétique proposé par Schaeffer (2015), qui met en avant sa dimension métacognitive. Bien que ce modèle semble au premier abord se limiter à décrire des processus cognitifs de bas niveau, je chercherai à l'enrichir pour intégrer des processus de plus haut niveau, capables d'expliquer un plaisir esthétique intellectuel. À cet égard, l'intégration d'une dimension de prédictibilité (Starr, 2013 ; Van de Cruys & Wagemans, 2011) apparaîtra prometteuse pour étendre ce modèle à une expérience esthétique d'ordre intellectuel. Cette proposition sera appliquée au cas d'œuvres conceptuelles afin d'explorer l'articulation des différentes dimensions de l'expérience esthétique mises en lumière.

 

Références

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Dokic, J. (2016). Aesthetic Experience as a Metacognitive Feeling? A Dual-Aspect View. Proceedings of the Aristotelian Society, 116(1), 69–88.

Elgin, C. Z. (2002). Art in the Advancement of Understanding. American Philosophical Quarterly, 39(1), 1–12.

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Goldman, A. H. (2013). The Broad View of Aesthetic Experience. The Journal of Aesthetics and Art Criticism, 71(4), 323–333.

Goodman, N. (1978/ 1992). Manières de Faire des Mondes. Trad. M-D. Popelard, Jacqueline Chambon, rééd. poche Folio 2006.

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Starr, G.G. (2013). Feeling Beauty. The neuroscience of Aesthetic Experience, The MIT Press.

Todd, C. (2017). Fitting Feelings and Elegant Proofs: On the Psychology of Aesthetic Evaluation in Mathematics, Philosophia Mathematica, 26(2), 211–233.

Van de Cruys, S., Wagemans, J. (2011). Putting reward in art: A tentative prediction error account of visual art. Iperception, 2(9),1035–1062.


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