30 juin-2 juil. 2025 Nantes (France)

Par auteur > Chades-Esnault Marie-Céline

L'acrasie comme un pluralisme : le cas de l'inobservance thérapeutique acratique.
Marie-Céline Chades-Esnault  1@  
1 : Centre Atlantique de Philosophie
Nantes Université - UFR Lettres et Langages, Nantes Université - UFR Lettres et Langages

 

L'acrasie, classiquement définie comme une action libre et intentionnelle à l'encontre du meilleur jugement de l'agent, est un paradoxe classique et un phénomène qui semble traverser toutes les sphères de la vie quotidienne. Elle demeure néanmoins souvent invisible, en raison de la banalité des situations dans lesquelles elle se manifeste ou de la portée limitée de ses conséquences. Il est pourtant un domaine dans lequel elle peut poser, outre le problème logique, un problème pratique majeur : le domaine médical. En effet, un patient qui se voit prescrire un traitement pouvant améliorer son état de santé ou sa qualité de vie, qui décide de suivre ces recommandations et qui pourtant, alors que rien ne l'en empêche à première vue, ne prend pas le traitement proposé est un cas typique de l'acratès pour qui les choses peuvent mal tourner. On appelle inobservance thérapeutique les situations où il existe un hiatus entre les recommandations médicales et ce que font réellement les patients. Ces situations concernent environ 50 % des prescriptions médicales [1] et nous avons établi au cours de nos travaux que bon nombre des patients dans ce cas relevaient de ce que nous appelons une situation d'acrasie.

Ce phénomène demeure encore mal compris et de nombreuses théories explicatives, souvent incompatibles coexistent aujourd'hui. La nécessité de mieux cerner ce phénomène est pourtant évidente particulièrement dans le domaine médical, tant les conséquences peuvent être délétères pour l'agent concerné. 

A l'aide d'une démarche d'analyse inductivo-déductive basée sur des données issues du terrain médical et un travail de conceptualisation, nous proposons une conception pluraliste de l'acrasie et défendons l'idée que celle-ci doit être conçue comme une famille d'actions constituée de plusieurs sous-types répondants à des explications causales diverses. Afin de pouvoir rendre compte de cette pluralité d'actions nous défendons une définition large de l'acrasie, à rebours des conceptions classiques, souvent plus restrictives.

Nous présenterons ici cette nouvelle définition de l'acrasie et nous proposerons l'analyse de quelques-uns de ses sous-types.

 

[1] OMS, « Adherence for long term thérapies, evidence for action ».

 


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